Confiné volontairement dans sa fourgonnette

Philippe Gosselin vit dans son véhicule, une fourgonnette Mercedes-Benz Sprinter 2012, depuis le 25 octobre dernier.

Philippe Gosselin n’a pas besoin de grand-chose dans la vie. Et ce n’est certainement pas un couvre-feu (ajouté à une pandémie mondiale) qui le fera modifier son mode de vie axé sur la simplicité.


Philippe Gosselin vit depuis près de trois mois dans son véhicule Mercedes Sprinter 2012. La raison? Pouvoir se déplacer facilement de montagne en montagne dans le cadre de son projet de maîtrise.

L’étudiant de 25 ans en génie mécanique à l’Université de Sherbrooke (UdeS) est passionné de planche à neige. Les travaux de recherches qu’il effectue en collaboration avec diverses entreprises spécialisées de sports d’hiver consistent à développer une technologie qui a pour but d’amoindrir les vibrations dans les skis lors d’une descente en montagne.

« Ce mode de vie m’offre une plus grande liberté », raconte l’homme originaire de la région de Québec, qui vit en Estrie depuis le début de ses études. « Ça correspond parfaitement à mes besoins actuels. Quand les gens voient comment je suis organisé, ils comprennent rapidement que je ne manque d’absolument rien. »

En effet, Philippe Gosselin s’est doté de batteries, de panneaux solaires, d’un réfrigérateur et d’un évier avec un système de pompe à eau électrique à même son véhicule. Il se dit tout de même heureux de pouvoir continuer à travailler dans son local de recherche qui se situe sur le campus principal de l’UdeS malgré le resserrement des mesures sanitaires.

 J’ai simplement devancé mon horaire de sommeil.

La récente mise en place d’un couvre-feu de 20 h à 5 h par le gouvernement Legault n'a pas bouleversé les habitudes du jeune homme qui confie vivre « au jour le jour ».

« J’ai simplement devancé mon horaire de sommeil. Je reste assez zen dans les circonstances », mentionne celui qui se permet tout de même de voyager de région en région.

« De mon point de vue, je ne trouve pas ça particulièrement imprudent. Je m’assure toujours de faire mon épicerie avant de quitter la ville et je paie toujours mon essence directement à la borne. Je reste principalement au fond des bois », précise le Sherbrookois qui revient par ailleurs d’une virée en Gaspésie.

En règle?

Même s’il ne se sent pas brimé par les nouvelles mesures mises en place, Philippe Gosselin affirme avoir tout de même quelques incertitudes quant à son droit d’être stationné dans les rues. « Je m’installe toujours dans des endroits où je sais qu’il est permis d’être stationné toute la nuit. Toutefois, si je dois démarrer la voiture pour recharger mes batteries qui me permettent d’avoir du chauffage, suis-je en règle? », demande-t-il.

Questionné à ce sujet, le Service de police de Sherbrooke (SPS) affirme qu’une voiture peut être considérée comme étant la principale demeure d’un individu.

« Les policiers vont user de discernement et de jugement lorsqu’ils vont intercepter des citoyens qui se trouvent sur la voie publique lors du couvre-feu. Si le jeune homme collabore, je ne vois pas en quoi cela poserait problème », affirme le sergent Pelletier qui se dit par ailleurs surpris de n’avoir jamais croisé l’homme auparavant.

Vers l’Ouest canadien

Le mode de vie de Philippe Gosselin n’est pas inusité pour autant. Il affirme échanger quotidiennement sur les réseaux sociaux avec d’autres personnes à travers la province qui ont opté, eux aussi, pour la vanlife.

« La situation a créé une vague de questionnements, mais dans l’ensemble, nous avons tous fait ce choix parce qu’il correspond à nos valeurs », raconte celui qui accorde beaucoup d’importance à l’environnement.

Il entend par ailleurs poursuivre ce mode de vie jusqu’à ce que sa situation ne puisse plus lui permettre. « À moyen terme, après avoir terminé ma maîtrise au printemps, j’aimerais retourner faire un tour dans l’Ouest canadien. Si quelqu’un entre dans ma vie ou si je dois vivre dans un endroit où ça me paraît impossible de continuer comme ça, on verra! », conclut-il.