Des poupées «magiques» pour les aînés

En photo, les poupées ressemblent à s’y méprendre à de vrais nouveau-nés. Dans nos bras, elles ont un poids similaire à celle d’un poupon. N’eût été de l’absence de mouvement et de gazouillis de la part de ce petit être, l’illusion serait parfaite.

Depuis septembre dernier, Amélie Laguë a donné naissance à 5 bébés. Elle en attend 4 autres d’ici la fin de janvier. Le tout, sans grossesse! Comment? La Cowansvilloise s’est mise à fabriquer des poupées ressemblant à de véritables poupons afin d’aider les personnes âgées à combattre leur solitude, un mal qui en afflige beaucoup en cette année de pandémie.


En photo, les poupées ressemblent à s’y méprendre à de vrais nouveau-nés. Dans nos bras, elles ont un poids similaire à celle d’un poupon. N’eût été l’absence de mouvement et de gazouillis de la part de ce petit être, l’illusion serait parfaite.

«Plusieurs études ont montré que ces poupées extrêmement réalistes sont bénéfiques pour les personnes âgées, seules ou atteintes d’Alzheimer, mais aussi pour les personnes autistes, isolées ou en dépression», souligne la créatrice, qui s’est mise à ce passe-temps inusité en recherchant une manière d’aider sa fille autiste à mieux gérer son anxiété.

La Cowansvilloise Amélie Laguë s’est mise à fabriquer des poupées ressemblant à de véritables bébés afin d’aider les personnes âgées à combattre leur solitude, un mal qui en afflige beaucoup en cette année de pandémie.

Aussitôt, la Cowansvilloise est tombée en amour à la fois avec le procédé et le résultat. «Je me suis dit qu’il y avait quelque chose à faire avec ça pour faire du bien autour de moi», confie-t-elle.

Le recours aux poupées réalistes est une pratique plus courante en Europe et aux États-Unis, où ce type de thérapie est monnaie courante depuis les années 1990. Au Québec, il s’agit encore d’une méthode marginale. «Ça gagnerait tellement à être connu! s’exclame Mme Laguë, qui partage le fruit de son travail sur sa page Facebook.

«Les troubles cognitifs peuvent affecter la mémoire des gens, mais la mémoire émotionnelle demeure intacte, alors de s’occuper d’un bébé, c’est quelque chose qui ne s’oublie pas. Ça permet de redonner un rôle à la personne, d’améliorer sa communication et, dans certains cas, ça permet d’alléger la médication. Je trouve qu’il y a quelque chose de très beau là-dedans», poursuit la mère de trois enfants, tout de même consciente que si certains sont charmés par l’initiative, d’autres sont plutôt rebutés.

Les premières poupées ont été offertes aux pensionnaires de la Résidence Cowansville CRP le 16 décembre dernier, tout juste après leur repas de Noël, un heureux hasard.

«Hallucinant»

Les premières poupées ont été offertes aux pensionnaires de la Résidence Cowansville CRP le 16 décembre dernier, tout juste après leur repas de Noël, par un heureux hasard.

«Amélie Laguë, que personne ici ne connaissait, est débarquée tout bonnement, comme le père Noël, pour nous offrir deux poupées en cadeau», raconte la directrice adjointe Geneviève Lamontagne.

Le don inattendu de Mme Laguë a déjà, en une dizaine de jours à peine, fait un immense bien à ses destinataires du troisième âge.

Celle-ci qualifie de tout simplement «magique» l’effet bienfaiteur et instantané des poupées. «L’émotion vient tout de suite. Aussitôt qu’on la tient dans nos bras, c’est comme si on tenait un vrai bébé, explique la directrice, qui s’est elle-même fait prendre au jeu. J’avais beau savoir qu’il s’agissait d’une poupée, que le bébé n’était pas vivant, je me suis surprise à lui donner des bisous sur le nez ou à lui tapoter les fesses!»

«On a vraiment ri quand elle a fini par s’en rendre compte, après un certain temps, relate Mme Laguë. Moins de dix secondes après avoir eu la poupée dans ses bras pour la première fois, elle s’est mise à balancer son poids d’une jambe à l’autre pour bercer le bébé.»

Chaque poupée coûte environ 100$ à fabriquer. Cela s’explique par le coût des matériaux, dont la tête et les membres de vinyle, qu’il faut faire livrer des États-Unis, les billes de verre et la bourrure qui donneront le poids et la souplesse aux poupées ainsi que la peinture qui donnera à celles-ci un air réaliste et vivant.

La ressemblance de l’objet avec un véritable poupon stimule l’instinct humain et simule un réel contact, en plus de solliciter la mémoire émotionnelle. «C’est hallucinant, renchérit Mme Lamontagne. C’est automatique, sans s’en rendre compte, on berce le bébé.

J’en avais entendu parler, mais je ne croyais pas à ce pouvoir-là; maintenant, j’ai quasiment envie d’en avoir un chez nous!»

Le don inattendu de Mme Laguë a déjà, en une dizaine de jours à peine, fait un immense bien à ses destinataires du troisième âge. «Ça a vraiment fait une différence, explique Mme Lamontagne. Ça fait des mois que nos résidents n’ont pas eu d’autre contact humain que celui du personnel qui les soigne et qui les lave.»

Comme il n’y a que deux poupées pour près d’une cinquantaine de résidents, la priorité a été accordée à ceux qui souffraient le plus de la solitude et de l’isolement qui perdure depuis le printemps. L’objet est bien nettoyé entre chaque nouvelle paire de mains, et tous ont adoré leur expérience, témoigne la directrice adjointe.

Un coup de pouce pour continuer

Celle-ci souhaiterait que l’institution-soeur de la Résidence Cowansville, les Résidences du Collège, à Saint-Césaire, puissent également profiter des bienfaits des poupées.

Mme Laguë aimerait pour sa part en offrir aussi à d’autres centres d’hébergement et ressources de la région, convaincue des bienfaits de son initiative.

La ressemblance de l’objet avec un véritable poupon stimulerait l’instinct humain et simulerait un réel contact, en plus de solliciter la mémoire émotionnelle.

Chaque poupée coûte environ 100$ à fabriquer. Cela s’explique par le coût des matériaux, dont la tête et les membres de vinyle, qu’il faut faire livrer des États-Unis, les billes de verre et la bourrure qui donneront le poids et la souplesse aux poupées ainsi que la peinture qui donnera à celles-ci un air réaliste et vivant.

Pour l’instant, Mme Laguë paie la totalité de la facture de sa propre poche, en plus de consacrer une quinzaine d’heures de travail bénévole sur chaque poupon. Elle applique jusqu’à dix couches de peinture sur les poupées afin de les rendre le plus réalistes possible.

Pour s’aider à maintenir le rythme et à continuer sur sa lancée, la Cowansvilloise a mis sur pied à la mi-décembre une campagne de sociofinancement sur la plateforme GoFundMe (https://www.gofundme.com/f/un-peu-de-bonheur-pour-nos-ans) où elle espère amasser 1000$.

Déjà, quelques personnes ont souhaité commander une poupée pour un proche. Mme Laguë accepte les commandes et vend ses poupées au coût unitaire de 270$, dont 20$ serviront à financer la création d’une poupée à être offerte gracieusement à un organisme.