En 2020, il y a aussi eu de bonnes nouvelles!

L’année 2020 a apporté son lot de mauvaises surprises, d’inquiétudes et de coups durs. Dans le tumulte de cette année marquée par la pandémie, il y a aussi eu de bonnes nouvelles! Alors que plusieurs seront bien contents de jeter leur calendrier 2020 pour démarrer une nouvelle année, voici quelques nouvelles réjouissantes qu’il fait bon de souligner.


1. Une justice du 21e siècle grâce à la crise

Au début de 2020, on rigolait de notre système judiciaire digne de l’époque des Pierrefeu. La crise sanitaire a fait basculer les palais de justice au 21e siècle. Avec succès.

Le bâtonnier du Québec, Me Paul-Matthieu Grondin, porte-parole des 28 000 avocats québécois, avait l’habitude de s’impatienter, traitant les palais de justice de véritables «hangars à papier».

Il constate que dans les circonstances, le virage numérique accéléré par la pandémie de COVID-19 s’est «remarquablement bien passé».

La petite équipe (une quinzaine de personnes) du Service des ressources audiovisuelles et électroniques (SRAVE) a travaillé d’arrache-pied pour continuer, en plein confinement, à faire rouler l’énorme machine.

Salles virtuelles

Des dizaines de salles de cour virtuelles, des visioconférences sécurisées, se sont ouvertes dès le début mai pour que les causes, et pas seulement les plus urgentes, puissent être entendues un peu partout au Québec, sans que tout le monde ait à se déplacer.

À terme, le Québec pourra compter environ 460 salles d’audience virtuelle, se réjouit Marie-Josée Brouard, directrice des services à la clientèle et aux utilisateurs au ministère de la Justice.

Des visioparloirs ont été installés dans toutes les prisons. Les détenus ne sont plus amenés pour les procédures de routine; ils apparaissent sur écran.

Un greffe numérique a aussi été mis en fonction, permettant enfin le dépôt des procédures par courriel et un accès plus facile pour les citoyens.

Plus de 2000 employés de la justice (greffières, juge, etc.) ont dû être formés par les techniciens en informatique. «Sans compter les centaines de personnes, par exemple des accusés, qu’on a dû dépanner pour qu’ils puissent accéder à l’audience», fait remarquer Angelo Langelier, chef d’équipe au service des ressources audiovisuelles et électroniques.

La résistance aux changements technologiques, que l’on croyait bien ancrée dans le monde judiciaire, s’est évaporée. «Les gens se sont adaptés vraiment très rapidement», constate, ravi, Gaétan Rancourt, directeur général des services centralisés, des solutions d’affaires et de la transformation.

La transformation numérique de la justice québécoise était amorcée avant la crise, avec l’annonce d’investissement de 500 millions $. Mais la phase opérationnelle n’était pas attendue avant 2021 ou même 2022. Par Isabelle Mathieu

2. Hausse inespérée des ventes de livres

Si la pandémie a donné des sueurs froides aux librairies indépendantes au début de la première vague, elle aura au final, contre toute attente, permis de promouvoir les ventes de livres, surtout ceux d’ici. Le directeur général de la coop Les libraires, Jean-Benoît Dumais, parle d’une augmentation de 4,2 %.

En mars, au début du confinement, les lecteurs ont fait provision de bouquins et la tendance s’est maintenue tout au long de l’année.

«On s’est rendu compte que ça ne dérougissait pas et que les gens étaient au rendez-vous dans les librairies» mentionne M. Dumais.

Dans la foulée, les ventes en ligne ont littéralement explosé, de l’ordre de près de 500 % par rapport à 2019. «On avait besoin de percer davantage et, à travers la crise, les librairies indépendantes se sont révélées davantage au grand public. Les gens ont réalisé qu’ils pouvaient acheter en ligne. Ç’a été une révélation.»

L’engouement est perceptible sur le terrain. Marie-Hélène Vaugeois, de la Libraire Vaugeois, sur l’avenue Maguire, estime avoir fait cette année son meilleur mois de décembre «à vie». Même que la fermeture des librairies, jusqu’au 12 janvier, est accueillie avec une certaine satisfaction puisque les employés pourront ainsi souffler un peu, même si la vente en ligne se poursuivra.

Le livre québécois s’avère le grand gagnant de cette année pas comme les autres. Des titres lauréats de prix, comme Les villes de papier, de Dominique Fortier, et Kukum, de Michel Jean, demeurent très en demande. La présence d’écrivains à l’émission Tout le monde en parle n’y est pas étranger, croit Marie-Hélène Vaugeois.

«Ça paraît dans les ventes dès qu’on y parle de livres.» Avant la pandémie, le livre québécois accaparait déjà la moitié des ventes, précise M. Dumais, et ce chiffre a augmenté de 6,2 % depuis. Par Normand Provencher

3. Une saison de pêche exceptionnelle

Si, à la mi-mars, quelqu’un était allé dire à un pêcheur commercial que la valeur des captures réalisées au Québec à la fin de 2020 totaliserait le quatrième plus fort montant de l’histoire, à 275 millions de dollars, ce pêcheur lui aurait conseillé d’aller se faire soigner.

À la mi-mars, alors que l’urgence sanitaire venait d’être décrétée par le gouvernement et que la COVID-19 commençait à ravager New York, des usines de Nouvelle-Écosse, où une pêche d’hiver a lieu, refusaient d’acheter les prises des pêcheurs, pendant que d’autres offraient 2 $ la livre, de trois à quatre fois moins qu’habituellement.

Trois décisions, parfois adoptées après d’intenses discussions, ont donné le ton à la saison.

La première décision a été prise par les crabiers de la zone 17, couvrant en gros le secteur de Rimouski à Sainte-Anne-des-Monts. Ils sont allés en mer comme prévu, le 25 mars, dans le froid et dans la plus grande incertitude quant à la vigueur des marchés.

Surprise! Malgré le confinement, les consommateurs ont littéralement envahi les poissonneries pour se remonter le moral avec des produits de saison frais.

La deuxième décision déterminante est venue à la mi-avril, quand les homardiers et les usines de la Gaspésie ont reporté leur saison de deux semaines, soit le 9 mai au lieu du 25 avril. Les Gaspésiens alignaient ainsi leur saison sur celle des Madelinots.

Le prix s’est raffermi pendant cette période et les grandes chaînes d’alimentation québécoises ont participé à l’effort de vente en mettant le homard en vedette de façon continue jusqu’en juillet.

La troisième décision a touché l’autre vedette des pêches québécoises, la crevette. La saison a été repoussée de 10 semaines! Le
1er avril, date habituelle du début de capture, les marchés, notamment ceux des pays européens, où la crevette est liée aux événements sportifs, étaient encore engorgés par les produits de 2019. En ouvrant 

la pêche en juin, une partie des inventaires avait disparu.

Cette victoire de 3-0 des pêches sur le coronavirus a été réalisée dans un contexte de prix inférieurs, mais nettement plus fermes que ceux prévus en mars. Caractérisé par la proximité physique des travailleurs d’usines et des pêcheurs, le secteur a également évité des éclosions importantes. Par Gilles Gagné à New Richmond

Les homardiers et les usines de la Gaspésie ont reporté leur saison de deux semaines, soit le9 mai au lieu du 25 avril.

4. Des gains pour la mobilité sur la Côte-Nord

Depuis toujours, la question de la mobilité demeure un enjeu vital sur la Côte-Nord. Ce dossier a évolué dans le bon sens en 2020. Les deux paliers de gouvernement ont fait des annonces en lien avec l’éventuelle construction d’un pont sur le Saguenay à la hauteur de Tadoussac et l’érection d’autres tronçons de la route 138 en Basse-Côte-Nord, un secteur encore grandement isolé.

Commençons par le pont. En juillet, les ministres François Bonnardel et Jonatan Julien ont lancé l’appel d’offres pour la mise à jour de l’étude d’opportunité de ce pont, un sujet de conversation quasi universel dans la région. En décembre, on a appris que cette mise à jour sera faite par le Groupe Pont Estuaire Saguenay, qui regroupe les firmes CIMA+, WSP et Systra.

Lors de cette annonce, M. Bonnardel avait dit souhaiter que cette mise à jour soit complétée pour la fin de 2022. Le ministre a laissé entendre que cet éventuel pont, combiné au prolongement de la route 138 en Basse-Côte-Nord, permettra la création d’un «corridor économique» entre le Québec et Terre-Neuve-et-Labrador.

Toujours en juillet, les deux mêmes ministres ont annoncé le lancement d’un autre appel d’offres, cette fois pour la mise à jour d’une étude d’opportunité concernant le prolongement de la 138. Cette étude vise à recueillir les données nécessaires afin de déterminer les meilleurs scénarios pour les tronçons entre La Romaine et Tête-à-la-Baleine ainsi qu’entre La Tabatière et Vieux-Fort.

Des travaux complexes sont prévus dans ces deux secteurs totalisant 300 kilomètres. On parle entre autres de 3500 traversées de cours d’eau, rien de moins. Certaines de ces rivières sont d’une largeur imposante.

Et en décembre, au tour du fédéral vient de débloquer une somme de 185 M$ afin d’ériger deux tronçons de la route 138 en Basse-Côte-Nord. Cette somme contribuera à compléter environ 80 kilomètres supplémentaires de route. Avec cette annonce, on pourra compléter un tronçon de 50 kilomètres entre Kegaska et La Romaine. L’autre tronçon, d’une trentaine de kilomètres celui-là, reliera Tête-à-la-Baleine et La Tabatière. Par Steeve Paradis à Baie-Comeau

5. Tourisme : tous en Gaspésie!

Alors que tout le monde retenait son souffle face à l’incertitude causée par la pandémie, la Gaspésie a été plus qu’achalandée cet été, au grand plaisir des commerçants. Après un début de saison au ralenti, la péninsule a été prise d’assaut par les touristes en plein cœur de l’été. 90 % des entreprises gaspésiennes se disent satisfaites ou très satisfaites du déroulement de la saison, qui a été bien au-delà des attentes.

Les touristes, très majoritairement québécois, on permit à l’économie de la péninsule, fortement reliée à l’industrie touristique, de tenir le coup.

Même si l’afflux de campeurs sauvages sur les plages a fait la manchette, ces quelques gestes déplorables n’ont pas porté ombrage à la saison. Au contraire, les hôtels, les restaurants et les campings étaient pleins à craquer, tournant à près de 80 % d’occupation en juillet et août. En comparaison, les hôtels du Grand Montréal rapportaient des taux d’environ 21 %.

«On était très inquiet de voir comment ça allait se positionner. On se demandait s’il allait y avoir des gens. On ne savait pas où se lancer et s’organiser puisque tout était inconnu», explique la mairesse de Percé, Cathy Poirier.  

«Finalement on a eu un achalandage inespéré, c’était quelque chose. Tout le monde est très satisfait de leurs saisons. Économiquement c’est certain, mais surtout pour ce qui est de la santé», ajoute-t-elle.

Plusieurs craignaient effectivement de voir une augmentation importante des cas de COVID-19 dans la région avec l’arrivée massive des touristes. Finalement, très peu de cas ont été rapportés durant cette période. La santé publique en a dressé un bilan «très positif», alors qu’une trentaine de cas seulement ont été recensés dans la péninsule gaspésienne entre juin et septembre. Par Simon Carmichael à Gaspé

6. L’année des rues «festives»

Les rues et parcs de Québec ont été une des bonnes nouvelles de l’année grise qui se termine.

Privée de ses grands événements, de ses touristes, travailleurs et visiteurs locaux, Québec s’est «tricotée un été» en insufflant de l’énergie à ses espaces publics.

Moins de place pour l’auto et davantage pour les piétons; des vitesses réduites; des fermetures à la circulation plus fréquentes.

Des citoyens, groupes ou sociétés de développement commercial qui en ont fait la demande ont pu transformer des artères en rues festives pour quelques heures ou quelques jours.

La Ville n’a pas produit de bilan formel de cette opération, mais tous les échos ont été positifs. Québec a aussi permis d’apporter son BBQ et de consommer de l’alcool dans une trentaine de parcs municipaux.

À tort ou à raison, le message a été entendu comme une sorte d’autorisation tacite à prendre une bière ou un verre de vin dans les espaces publics de cet été de pandémie.

La Ville a par ailleurs assoupli sa réglementation et ses tarifications pour les terrasses de restaurants qui ont pu empiéter sur des trottoirs, rues et terrains vacants. Une démonstration qu’une ville peut fonctionner, même en étant moins tatillonne et constipée.

Les restaurateurs éprouvés par un printemps de confinement y ont trouvé un peu d’air. Et nous, un plaisir accru d’aller marcher et flâner en ville.

L’autre bonne nouvelle est que ces changements d’attitude par rapport aux rues et aux parcs sont là pour rester. On voit mal comment la Ville pourrait maintenant revenir en arrière.

En fait, il n’y avait là aucune recette magique. Ces mesures déployées pour alléger l’été 2020 dans les rues de Québec, on les voit déjà dans d’autres villes, en Europe notamment où le cadre urbain est souvent moins rigide.

Ce qu’il nous manquait, c’était une occasion d’oser. La pandémie nous l’aura fournie. Par François Bourque

La Ville de Québec a permis aux citoyens d’apporter leur BBQ et de consommer de l’alcool dans une trentaine de parcs municipaux.

7. Premier Tech investit 251 M$ et créera 500 emplois

Premier Tech de Rivière-du-Loup a annoncé, à la fin novembre, un investissement de 251,2 millions $ étalé sur cinq ans. En plus de consolider 1000 emplois, l’investissement créera 500 nouveaux postes d’ici cinq ans.

Cette somme vise à accroître les activités en innovation, en recherche et en développement de l’entreprise ainsi qu’à accélérer sa transformation numérique et à intensifier ses opérations manufacturières au Québec. Une équipe de dix personnes recherche activement des employés qualifiés pour pourvoir les centaines de postes. Les trois quarts de ces nouveaux employés travailleront à Rivière-du-Loup pour un salaire annuel moyen de 60 000 $.

Les 251,2 millions $ permettront également à l’entreprise de développer de nouveaux marchés ainsi que d’agrandir son rayonnement international en développant et en améliorant plusieurs de ses plateformes logicielles et d’affaires. Le gouvernement du Québec contribue à l’investissement par un prêt remboursable de 45 millions $.

«Au fil des années, Premier Tech a su identifier des niches de développement et de croissance porteuses et mettre en place une force d’innovation unique et sans égale dans ses divers métiers à l’échelle internationale, estime le président et chef de la direction de Premier Tech, Jean Bélanger. Notre forte croissance se veut le reflet direct de nos investissements soutenus et continus en innovation, en recherche et en développement et dans l’amélioration de nos processus d’affaires.»
nouvelles acquisitions

Premier Tech a annoncé, au début décembre, l’acquisition des actifs de trois entreprises européennes : Aqua Assainissement SAS, AMI Assainissement SAS et Neve Environnement. Réalisées par son groupe d’affaires Eau et Environnement, les transactions seront conclues le 4 janvier. Ces dernières permettront à l’entreprise de Rivière-du-Loup d’étendre son offre commerciale et d’intensifier le développement de son réseau de services en France. Sa présence en sol français se traduira par deux centres d’innovation, huit usines et quelque 425 travailleurs.

«Ces trois acquisitions confirment notre volonté d’offrir un accompagnement de premier plan à nos clients sur l’ensemble de la durée de vie des systèmes d’assainissement autonome et de s’investir dans les communautés que nous servons», soutient le président de Premier Tech Eau et Environnement, Henri Ouellet. Par Johanne Fournier