Le parcours d'André Bolduc, d'Alma jusqu'aux Alouettes

L’Almatois André Bolduc est l’entraîneur avec le plus d’ancienneté chez les Alouettes, lui qui entame sa huitième année avec la formation montréalaise.

André Bolduc en a fait du chemin depuis qu’il a quitté Alma en 1988, à l’âge de 17 ans. Après sa carrière de joueur, qui l’a mené jusqu’à la Ligue canadienne de football (LCF), son cheminement d’entraîneur est tout aussi impressionnant. Il entame sa huitième année avec les Alouettes de Montréal.


André Bolduc, qui aura 50 ans en 2021, est maintenant un pilier de l’organisation, lui qui compte le plus d’ancienneté au sein du personnel d’entraîneurs. En plus d’avoir à sa charge les porteurs de ballon, il est également adjoint à l’entraîneur-chef, Khari Jones, depuis deux ans.

« C’est surtout qu’au début, on ne m’a pas embauché parce que je parlais français. C’était très clair à l’époque avec le directeur général Jim Popp. Il m’a engagé parce que je venais de diriger universitaire et que j’avais eu du succès. Avec les années, les postes ont changé et là, je suis bien en selle comme assistant-entraîneur-chef. J’aime ça diriger, faire les horaires et rouler les entraînements sur le terrain. Il y a des trucs que “coach Jones” aime moins faire. En me nommant assistant, il me permet de les faire. On se complète bien dans ça. Je suis vraiment bien et où je veux être. Je m’occupe aussi des porteurs de ballon, une position importante au football canadien », témoigne André Bolduc, en entrevue téléphonique.

De la Beauce à Victoriaville
Après avoir fait ses premières armes localement, André Bolduc a entamé son périple de voyageur en Beauce, avec les Dragons midgets, pour terminer ses études secondaires. Au fil des années, cette organisation a accueilli de nombreux joueurs du Saguenay–Lac-Saint-Jean. À cette époque, l’Almatois était quart-arrière. C’est d’ailleurs pour pouvoir continuer à évoluer en attaque qu’il a décidé de quitter la Beauce pour les Vulkins du Cégep de Victoriaville. Les entraîneurs des Dragons désiraient le transformer en maraudeur défensif.

De quart à receveur
Finalement, cette décision s’est avérée payante. Dès sa première année collégiale, André Bolduc a aidé les Vulkins à remporter le Bol d’Or et ses prestations l’ont amené à participer à des camps aux États-Unis, notamment à Syracuse. « Je ne parlais pas anglais, donc après dix jours, ils m’avaient renvoyé en autobus. Je suis capable d’en rire maintenant, mais j’avais trouvé ça dur », admet André Bolduc, qui a finalement choisi les Stingers de Concordia, à Montréal, où il est devenu receveur de passes.

« C’est là que ma carrière a basculé un peu. Il y avait déjà trois vétérans quarts-arrière. L’entraîneur, Gerry McGrath, qui avait joué professionnel, était un visionnaire. Il m’avait dit à ma première année : “On va te mettre receveur. Si tu perds un peu de poids et tu prends de la vitesse, tu vas jouer pro.” Il avait vu quelque chose en moi que je ne connaissais probablement pas. Je l’ai écouté à la lettre. Je me suis entraîné différemment. J’étais très musculaire. J’ai perdu beaucoup de poids et pris de la vitesse. Les mains étaient là et le reste a suivi », raconte celui qui a ensuite accédé aux rangs professionnels, évoluant dans la LCF pour Ottawa, Edmonton et Montréal, où il est devenu capitaine sur les unités spéciales.

De joueur à entraîneur
Au début de l’année 2002, une blessure au pied, une déchirure du fascia plantaire, l’empêchait de courir. Les thérapeutes lui ont déconseillé de participer au camp d’entraînement. Au même moment, le poste de coordonnateur offensif des Carabins de l’Université de Montréal était disponible et les dirigeants de l’équipe l’ont eux-mêmes contacté dans le processus de recherche. « C’est certain que ç’a amené une réflexion. Quand ton corps commence à ne plus suivre, à 32 ans, veux-tu essayer de poursuivre et que ce soit pire ? J’avais une offre à temps plein universitaire, c’est sûr que je l’ai acceptée », se rappelle André Bolduc.

Cette première année dans le monde du coaching n’a pas été facile. Il a vécu un moment joyeux, avec la naissance de son premier fils, Raphaël, mais également un moment triste, avec le décès de son père, lors du camp d’entraînement.

D’un niveau à l’autre
Après une seule année, il a décidé de quitter pour retourner faire ses classes au niveau secondaire. « Je voyais vite l’envie de diriger un peu plus, d’être en charge », mentionne André Bolduc, qui s’est retrouvé avec les Loups de l’École Curé-Antoine-Labelle, à Laval, en plus d’enseigner aux jeunes de la concentration football. Il a ensuite été nommé entraîneur-chef des Nomades du Collège Montmorency avant de prendre la direction du programme du Vert et Or de l’Université de Sherbrooke.

Avec le recul, André Bolduc est convaincu d’avoir pris la bonne décision. « Mets-en ! », réagit-il, à l’autre bout du fil.

« Le petit pas de recul que j’ai fait, en partant des Carabins pour retourner au secondaire, m’a obligé à enseigner un peu plus et aller plus profondément dans les techniques. Ç’a été bon pour moi de toucher à tous les niveaux. Au collégial, j’ai travaillé avec des adolescents un peu plus vieux et c’était plus facile de les amener vers un but commun. Ces deux années à Montmorency m’ont bien préparé pour l’universitaire. J’ai vraiment eu cinq belles années avec le Vert et Or. Je suis très fier de ce que j’ai fait avec le programme. On a participé aux séries pour la première fois, on a gagné un match sur la route, et on est allés à la Coupe Dunsmore pour la première fois. Il y a eu beaucoup de premières fois, qui étaient le fun à vivre, et ça m’a aussi bien préparé pour le professionnel. Ce sera ma huitième année », d’exprimer André Bolduc.

André Bolduc a dirigé le Vert et Or de l’Université de Sherbrooke pendant cinq saisons, de 2007 à 2011.
André Bolduc (#11, en bas au milieu) a remporté la Coupe Lindsay à sa première année avec les Lynx du Pavillon Wilbrod-Dufour, à Alma.
Avec André Bolduc comme quart-arrière, les Vulkins de Victoriaville ont remporté le Bol d’Or, en 1989. Sur les six capitaines, quatre provenaient de la région, soit André Bolduc, Steven Hollands, Stéphane Martin et Patrice Boudreault, qui dirige maintenant les Lynx du Pavillon Wilbrod-Dufour, à Alma.

Où se voit-il dans dix ans ? « Je garde toutes les opportunités ouvertes. Ce ne sont jamais de longs contrats. Je suis très chanceux d’avoir deux autres années. Je vais avoir 50 ans l’an prochain et 51 ans à la fin de ce contrat. Je vais réévaluer à ce moment. Le circuit universitaire est en santé au Québec. C’est du gros calibre de foot. Il y a différents niveaux avec des équipes plus fortes et qui investissent plus que d’autres dans leur programme. Je ne pense pas que ça va changer à court terme, mais c’est un super beau circuit. Je ne ferme pas la porte », avance l’Almatois.

« Avec les Alouettes, des gens me demandent si je souhaite devenir entraîneur-chef. Honnêtement, je souhaite que Jones ait du succès et qu’il soit là dix ans. Si je suis son assistant pendant tout ce temps-là, je vais être content aussi », enchaîne-t-il.

De finaliste à champion
S’il manque une chose à son palmarès, c’est bien la conquête de la Coupe Grey. Comme joueur, André Bolduc a perdu en finale avec les Alouettes, en 2000, contre les Lions de la Colombie-Britannique.

Il espère bien concrétiser ce rêve avant longtemps avec la formation montréalaise. « C’est un peu après ce que je cours, convient-il. Comme joueur, j’ai gagné le Bol d’Or, la Coupe Lindsay à Alma et la Coupe Dunsmore universitaire au Québec. Comme entraîneur, avec le Vert et Or, j’ai perdu à la Dunsmore ; comme joueur, [j’ai perdu] à la Coupe Grey. Je cherche à en gagner une pour vivre ça à Montréal. C’est sûr et certain!»

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IMPATIENT DE RENOUER AVEC L’ ACTION

Très optimiste quant à la tenue de la prochaine saison dans la Ligue canadienne de football (LCF), André Bolduc apprécie l’enthousiasme qui anime les Alouettes de Montréal. 

En 2018, la formation montréalaise a mis fin à une disette de quatre ans sans participer aux séries grâce à un premier dossier positif depuis 2012, de dix victoires et huit revers. La pandémie a mis un frein à cette progression, avec l’annulation de la saison 2020. Présentement, plusieurs scénarios sont sur la table, allant d’une saison normale à une saison dans des bulles, mais les dirigeants de la LCF ont tout de même publié un calendrier préliminaire et les neuf équipes sont très actives. 

« On est très optimistes, surtout depuis que le calendrier est sorti et qu’on voit des joueurs autonomes qui signent. Ça bouge dans la LCF en ce moment, dans toutes les équipes, avec le personnel qui est présenté. Oui, c’est très positif ! On sent, en communiquant avec les joueurs, qu’ils ont vraiment hâte », signale André Bolduc, qui est convaincu que l’organisation s’en va dans la bonne direction après des années de vaches maigres. 

« Les gars veulent rester et revenir. Le porteur de ballon William Stanback, c’est le meilleur exemple. Il était agent libre complet. Toutes les équipes pouvaient lui parler depuis un mois et il en a eu, des offres, je peux le dire. C’est un gars autour de qui tu peux construire ton attaque. Il complète super bien Vernon [Adams Jr., le quart-arrière]. Stanback, les gars oublient qu’il a seulement 24 ans. Il lui reste encore dix ans. Il voulait un contrat à long terme et l’a obtenu avec deux ans et une année d’option. On se parlait beaucoup et il savait que je venais de resigner pour deux ans. On va travailler encore au minimum deux ans ensemble. C’était super positif de le ramener », d’exprimer André Bolduc, à propos de celui qui a tenté sa chance dans la NFL, ce qui a été grandement compliqué par la pandémie. 

Même si son travail est à Montréal, l’Almatois a choisi de demeurer à Sherbrooke, où il est installé avec sa conjointe Patricia, qu'il a rencontrée à Alma en 1986, depuis son passage à la tête du Vert et Or. « Ça ressemble beaucoup au Lac. C’est très proche de la nature. Au niveau des écoles, il y avait tout ce qu’il fallait », souligne André Bolduc, qui est encore très attaché à sa région natale, où demeurent toujours son frère Steeve et sa mère Eliette.

«Des heures de fous»

Pendant la saison, il loue un appartement près des installations de l’équipe, au Stade olympique. « Comme ça, je peux y aller à pied. On a des heures de fous. Je me trouve tout le temps un endroit vraiment proche du stade où je peux laisser mon auto que je n’y touche pas de la semaine. Pendant la saison, on entre au bureau à 5 h 15 le matin et on sort vers 20 h. Quand je suis à Montréal, c’est vraiment business foot Ça me donne l’opportunité de venir à Sherbrooke au moins une fois par semaine avant les matchs, les jours 3 ou 4, pour venir souper et dormir. Le lendemain matin, je repars très tôt », explique l’entraîneur adjoint des Alouettes, qui est présentement en télétravail, comme c’est le cas en temps normal pendant la période hivernale. 

Habituellement, les entraîneurs se réunissent deux fois, en janvier et en mars, ce qui sera difficile cette année en raison de la présence d’Américains au sein du personnel.

Des enfants sportifs

Les deux fils d’André Bolduc suivent en quelque sorte ses traces au football. Le plus vieux, Thomas, est quart-arrière pour le Rouge et Or de l’Université Laval, à Québec, et a réussi à s’imposer comme partant à sa première saison. Le plus jeune, Raphaël, devait commencer à l’automne sa première saison dans les rangs collégiaux, avec les Couguars du Collège Champlain-Lennoxville, à Sherbrooke. 

Ses deux filles, Justine et Elizabeth, des jumelles, se démarquent également avec leurs aptitudes physiques, faisant partie de l’équipe de volleyball de l’École secondaire du Triolet, à Sherbrooke. Un cinquième jeune complète le portrait du couple, qui est également famille d’accueil. « Il y a une grosse demande ici, à Sherbrooke. Comme partout ailleurs, j’imagine», termine André Bolduc.