Le petit groupe a admis d’emblée ne pas avoir l’intention de quitter les lieux avant l’heure du couvre-feu. Ils se disaient d’ailleurs prêts à être sanctionnés d’une amende. « Je n’ai pas de problème avec ça, ce sera contesté ! », s’exclame un jeune homme du groupe. « J’en ai déjà pognée une ! J’ai été à la marche de 20 décembre, puis j’ai pogné une contravention-là », raconte Martha.
En définitive, ils ne seront qu’une quinzaine à marcher le long de la rue King Ouest, certains brandissant des drapeaux, d’autres scandant « à bas le couvre-feu ! ». Passée l’heure fatidique du début du couvre-feu, les forces de l’ordre sont intervenues afin d’identifier les contrevenants et dresser à chacun d’eux un constat d’infraction d’un montant avoisinant les 1500 $.
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Pour Danny McConnell, le directeur du service de police de Sherbrooke, les manifestants représentaient un petit groupe comparé à l’ensemble de la population sherbrookoise. « On est là pour la bonne cause, on est là pour réduire la propagation du virus », explique-t-il.
Détresse et incompréhension
C’est une soupe d’arguments que servaient les manifestants. Des relents complotistes teintaient de nombreux propos. En effet, plusieurs craignent que le couvre-feu se prolonge. « Ils disent que ça va être un mois, mais nous autres, on a eu des informations dans ce qu’on appelle les groupes conspirationnistes. Eux autres, ils disent que ça va être prolongé jusqu’au 30 avril », soutient Martha. D’autres soulevaient également l’impact néfaste sur la santé mentale des gens d’une mesure comme le couvre-feu. « Il y a des suicides ! Y’en a qui font de l’anxiété et des dépressions ! Moi je fais de l’anxiété », s’écrie une manifestante qui, quelques minutes plus tard, tombera en larmes devant les policiers.
L’incompréhension des mesures étaient également au cœur de leurs revendications. « C’est du non-sens ! Demandez-vous pourquoi après 20h, c’est dangereux ? Y’a juste à poser cette question-là ! Le virus est plus dangereux qu’à 19h 59 ? », demande l’une des manifestantes à un policier. Une autre se demande pourquoi les commerçants doivent fermer alors que des entreprises comme Amazon peuvent continuer à faire de l’argent.
Finalement, vers 20h45, les manifestants ont fini par quitter les lieux au compte-gouttes, après avoir tous été identifiés.
Coralie Beaumont