Recettes d’espoir contre le cancer

L’Estrienne Mélanie Gagnon compte parmi les 80 chefs qui signent le livre de recette de la Brigade de l’espoir, un recueil « inédit » visant à amasser des dons pour la Société canadienne du cancer, en remplacement du Gala des Grands Chefs habituellement organisé chaque année.

Si le cancer a choisi de coller aux semelles de la cheffe Mélanie Gagnon, c’est tout de même d’un pas assuré qu’elle a décidé de poursuivre sa vie bien remplie. L’entrepreneure qui a dû fermer l’Auberge Sainte-Catherine-de-Hatley il y a un an se dévoue toujours à ses nombreux projets, dont son implication pour la Société canadienne du cancer, qui a dû se faire plus que jamais dans la créativité cette année.


La pandémie ayant eu raison des événements à grand déploiement, les artistes des cuisines impliqués dans le Gala des Grands Chefs, un événement habituellement tenu aux quatre coins du Québec et rassemblant près de 3000 personnes, ont voulu se frayer un chemin jusque dans les maisons. Est donc née la Brigade de l’espoir, rassemblant 80 chefs du Québec dont Mélanie Gagnon, qui signe un recueil de recettes « inédit » pour la bonne cause.  

« Il fallait se revirer de bord pour pouvoir continuer à aller chercher des dons, explique Mme Gagnon. Malheureusement, la pandémie fait des dommages collatéraux, et pour tous les organismes, dont la Société canadienne du Cancer, les dons ont chuté de manière exponentielle. L’idée d’un livre est venue, c’est une autre forme de temps qu’on peut donner. C’est intéressant parce qu’on propose des recettes qui deviennent accessibles et que plusieurs chefs participants n’écriront peut-être jamais de livre. Il nous reste à voir de quelle façon ce sera reçu et combien de gens voudront embarquer. » 

Préférant bien préserver la surprise pour ceux qui se procureront le volume moyennant un don de 250 $ ou plus, la cheffe accorde quelques petits indices concernant sa participation : 

« J’y suis allée surtout du côté des entrées, en travaillant avec des produits locaux. Il y a par exemple du fromage et des produits de fermes locales. Je trouve ça bien, parce que les gens d’ici vont pouvoir les reconnaître et aller s’en chercher. C’est un coup de pouce à travers tout ce qu’on est en train de vivre. » 

Des chefs tels que Stéphane Loré, Jean-Luc Boulay, Helena Lourero, Mathieu Cloutier et Louis-François Marcotte se sont aussi prêtés à l’exercice pour bien garnir ce livre, qui soutient la campagne de financement de l’organisme tenue en ligne jusqu’au 4 décembre. Tous les dons de cette campagne seront entièrement dédiés à la Ligne d’aide et d’information sur le cancer du Québec.

La 25e édition du Gala des Grands Chefs de l’Estrie, tenue l’an dernier, avait permis de recueillir 77 358 $. 

Même si elle vit toujours avec le cancer, Mélanie Gagnon n’arrête pas les projets. Elle est par exemple consultante pour de nouveaux projets en restauration, et poursuit la lancée de son entreprise de confits de légumes et de fruits connus sous l’étiquette Nany’s.

Tous touchés

Mélanie Gagnon s’impliquait dans le Gala des Grands Chefs bien avant de recevoir son diagnostic de cancer du sein en 2017, elle qui a perdu son père aux mains du cancer des ganglions. « Cette année, mon frère, qui est deux ans plus vieux que moi, a eu un diagnostic du cancer de la prostate. Et j’ai un autre de mes amis qui est présentement en traitement. Tout le monde, à un moment ou un autre, aura quelqu’un de proche qui va vivre une épreuve de cancer. C’est là que ça prend une ampleur complètement différente et qu’on réalise quand on a besoin d’aide. Même si j’étais très bien entourée, la Société canadienne du cancer était là et a pu répondre à toutes sortes de question auxquelles mon entourage ne pouvait pas. Pour avoir vu jusqu’où ils peuvent nous aider, je leur lève mon chapeau. » 

Aujourd’hui elle ne se déclare ni vaincue, ni guérie de cette maladie qui, tout types confondus, fait l’objet de 152 nouveaux diagnostics chaque jour au Québec. « Je ne serai jamais en rémission. Mon cancer fait dodo, si on veut. Il est génétique et il est hormonodépendant. Je prend des médicaments tous les jours, qui cachent les hormones au cancer, ce qui fait que je le berne un peu pour l’instant. C’est un petit pied-de-nez que je lui fais », vulgarise-t-elle. 

« Je reste positive et je ne m’arrête pas à ça, poursuit l’entrepreneure. J’ai plein de projets. On n’est pas mort. On peut avoir un diagnostic de cancer, on peut avoir une rémission ou avoir à vivre avec, mais on peut faire plein de belles choses malgré tout. » 

Parmi ces projets : la participation à de nouveaux — mais très secrets ! — projets de restauration comme consultante, et la croissance de son entreprise de confits de fruits et de légumes connus sous la marque Nany’s. 

« Ce sont beaucoup des recettes de ma grand-mère que je me suis réappropriée, explique-t-elle. Ça va super bien. Mes produits se vendent surtout en hôtellerie et en restauration, même si je vend aussi beaucoup par mon site internet. »

L’entreprise fondée il y a 10 ans opère maintenant dans les anciens locaux de l’entreprise familiale, l’Auberge Sainte-Catherine-de-Hatley, qui a été transformée en « mini usine ». 

Rappelons que cette auberge, qui servait les Estriens depuis 25 ans, a fermé ses portes le 22 décembre 2019, notamment en raison de la maladie de Mme Gagnon.