Réforme en services de garde éducatifs: «Il faut agir maintenant»

Près de 51 000 enfants sont sur une liste d’attente en vue d’une place en centres de la petite enfance (CPE).

Aux prises avec un manque alarmant de places en garderies, le ministre de la Famille Mathieu Lacombe a fait l’annonce d’un projet de loi et d’un livre blanc qui seront déposés dès cet automne en vue d’une « réforme importante » du réseau des services de garde éducatifs à l’enfance.


« Trop peu, trop tard », déplorent toutefois divers intervenants du milieu. C’est le cas entre autres pour la présidente de l’Alliance des intervenantes en milieu familial de l’Estrie (ADIM-Estrie), Marlène Carbonneau, qui dénonce depuis plusieurs années les mauvaises conditions de travail des éducatrices qu’elle représente.

« Chaque semaine, quelques-unes d’entre elles me demandent quelles sont les procédures pour fermer leur service de garde. On ne peut pas attendre jusqu’à l’automne avant que des changements ne soient effectués. L’hémorragie n’arrêtera pas. Il faut agir maintenant », exprime d’emblée Mme Carbonneau.

En 2017, l’ADIM-Estrie comptait près de 1000 membres responsables d’un milieu de garde en milieu familial. Aujourd’hui, l’organisation en compte un peu moins de 700 en comptabilisant ceux qui se trouvent sur le territoire de Granby.

« Ça fait plus d’un an que les responsables de garde en milieu familial attendent des allègements d’un point de vue administratif et un salaire convenable de la part du gouvernement. La pandémie a le dos large. Il y a effectivement une vague alarmante de départ, mais le problème a débuté bien avant ça et s’est amplifié avec la loi 143 qui interdit notamment le remplacement des éducatrices en milieux de garde non subventionnés. »

Mme Carbonneau est d’avis que de nouvelles installations ainsi qu’une centralisation vers le modèle des centres de la petite enfance (CPE) telle qu’anticipée par M. Lacombe ne pallieront pas au « véritable problème », soit celui de la pénurie de main-d’œuvre.

« Il ne faut pas attendre que le problème soit aussi gros que celui du manque de main-d’œuvre en santé. Pour attirer de nouveaux responsables de garde, ça prend des incitatifs financiers. On est rendu là. »

Christine Labrie

Un chantier de réflexion urgent selon Mme Labrie

La députée de Sherbrooke et responsable des dossiers en matière d’éducation pour Québec Solidaire, Christine Labrie, s’est également prononcée en lien avec cette future réforme du réseau des services de garde éducatifs à l’enfance.

Elle dénonce notamment le manque de proactivité de la CAQ dans ce dossier pour lequel elle a pris la parole publiquement à maintes reprises pour sonner l’alarme. « On n’a pas besoin d’un chantier de plusieurs mois pour simplifier la bureaucratie et fournir du soutien pour les projets en cours. Une fois ouverts, les CPE fonctionnent très bien, et ce qui doit changer, c’est ce qui se passe au ministère pendant le développement de nouvelles constructions », mentionne-t-elle.

Mme Labrie croit par ailleurs qu’en améliorant les conditions de travail des responsables de garde en milieu familial, la pression sur le réseau se verrait temporairement diminuée.

« Le chantier de réflexion urgent à entreprendre, c’est sur la garde en milieu familial, dont les modalités actuelles poussent les éducatrices à fermer. On attend d’ailleurs depuis l’automne dernier le projet de loi du ministre à ce sujet, alors son annonce ne fait que retarder les solutions. C’est dans le budget qu’on verra le sérieux que la CAQ accorde à la pénurie de places, et les attentes sont grandes. »