Tragédie de 2013 : une facture nette de 10,6 M$ pour la Ville de Lac-Mégantic

La tragédie de Lac-Mégantic a coûté 129 millions $ au trésor municipal en date du 30 décembre 2020, dont 10,6 M$ ne seront pas remboursés par les gouvernements supérieurs et restent donc à la charge de la petite municipalité de 5500 personnes.

La tragédie de Lac-Mégantic a coûté 129 millions $ au trésor municipal en date du 30 décembre 2020, dont 10,6 M$ ne seront pas remboursés par les gouvernements supérieurs et restent donc à la charge de la petite municipalité de 5500 personnes.


L’administration Morin estime toutefois qu’elle peut ramener cette perte à 5,7 M$ grâce aux revenus qu’elle tirera de la vente de condos commerciaux et de terrains au centre-ville au cours des prochaines années, ainsi qu’aux améliorations qu’elle considère avoir apportées à son centre-ville.

« Cette tragédie-là va avoir eu un impact financier sur la ville, mais ultimement on a su bien gérer le tout et on va bien s’en sortir », soutient la mairesse Julie Morin.

La Ville de Lac-Mégantic a déposé publiquement ce bilan financier mardi soir avant la séance du conseil municipal. 

Les ententes avec le gouvernement du Québec pour la gestion de la crise et la reconstruction des infrastructures publiques avaient pris fin au 31 décembre 2019 et la Ville a conclu les discussions et encaissé les derniers remboursements de dépenses en novembre 2020.

« C’est une page importante qu’on tourne en présentant ce bilan, parce que le règlement final de nos ententes avec le gouvernement nous permet de regarder en avant », s’est réjouie Mme Morin en se disant satisfaite de la contribution et de l’écoute des gouvernements.

On se rappellera qu’au lendemain du déraillement funeste du 6 juillet 2013, qui a fait 47 victimes, détruit plus de 30 immeubles dans un périmètre de 2 km2 au centre-ville et déversé 7,7 millions de litres de pétrole brut dans l’environnement, Québec et Ottawa avaient rapidement annoncé qu’ils seraient présents pour aider la ville à se relever de cette catastrophe.

Presque huit ans plus tard, Lac-Mégantic constate qu’elle a néanmoins dû gérer plusieurs chantiers et encourir elle-même des dépenses importantes en attendant qu’elles soient remboursées par le gouvernement québécois, qui s’est finalement posé comme l’unique interlocuteur de la Ville dans ce dossier même si la facture devait être partagée 50/50 avec le fédéral. 

Mesures d’urgence et reconstruction

Selon le bilan déposé mardi, la plus grande partie des dépenses assumées par la Ville est allée à la démolition, à la décontamination historique et à la reconstruction du centre-ville à hauteur de 49,3 M$. 

Suivent les mesures d’urgence et la gestion du site de l’accident jusqu’en janvier 2014 pour 42,5 M$; l’administration municipale pour 13,3 M$; les expropriations pour 11,7 M$; la construction des condos commerciaux pour 9,9 M$ et des études pour la voie de contournement pour 2,3 M$.

En matière d’administration municipale, par exemple, la somme inclut les salaires des employés qui se sont greffés temporairement à l’équipe régulière, avec l’accord du ministère de la Sécurité publique, pour s’acquitter de l’importante surcharge de travail. Ainsi, au plus fort de la crise de 2013 à 2015, ce sont pas moins de 23 personnes qui se sont ajoutées aux quelque 115 employés réguliers. Leur nombre est ensuite allé en régressant jusqu’en 2019.

Le bilan montre aussi que les 118,4 M$ remboursés à la Ville proviennent du ministère de la Sécurité publique (74,2 M$), du ministère des Affaires municipales (22,7 M$), d’autres organisations gouvernementales (15,5 M$) ainsi que de la Croix-Rouge et d’autres sources de revenus comme les taxes municipales sur les nouvelles constructions (6 M$).

« Les projets Croix-Rouge qui apparaissent dans ce bilan sont ceux qui ont été financés aussi par des programmes gouvernementaux, par exemple l’Espace mémoire avec Développement économique Canada, précise Mme Morin. Parce que l’aide de la Croix-Rouge à Lac-Mégantic a été bien plus importante », convient-elle.

Dans les 10,6 M$ qui n’ont pas été admissibles à un remboursement, la part du lion revient à l’expropriation de Billots Sélect (4 M$). Y apparaissent aussi des améliorations de 2,5 M$ dans la reconstruction de la rue Frontenac et dans la construction du pont de la Solidarité, ainsi que des frais d’administration générale de 1,7 M$ et des intérêts sur emprunts temporaires de 900 000 $.

« Il était convenu que le ministère de la Sécurité publique et le ministère des Affaires municipales remboursent les dépenses pour reconstruire le centre-ville comme il était avant, précise Mme Morin. Nous comme ville on a fait des choix, par exemple des trottoirs plus larges pour favoriser les déplacements actifs, une piste cyclable ou des îlots de végétation. C’est ce qui explique une partie des dépenses non remboursées. »

Julie Morin

Dettes et relance économique

Pour financer les 5,7 M$ manquants, soit 4,4 % des dépenses de 129 M$ encourues, la Ville a contracté des emprunts à long terme, a absorbé certaines dépenses à même son budget courant mais a néanmoins dû se résoudre à puiser 1,8 M$ dans les sommes reçues du recours collectif en 2106.

La mairesse Morin a profité de l’occasion mardi pour souligner que la gestion de la dette à long terme de la Ville est malgré tout sous contrôle puisqu’elle atteindra en 2021 son niveau de 2011, avant la tragédie, au moment de la construction du Centre sportif Mégantic.

« Notre défi aujourd’hui, c’est de nous assurer de maximiser l’impact des sommes qui restent du recours collectif et des fonds de relance économique qui sont encore disponibles jusqu’en 2023 par les différents gouvernements pour réduire la dette et générer plus de retombées fiscales. Et c’est là-dessus qu’on va se pencher dans les prochaines semaines et les prochains mois. »