Un passe-temps transformé en startup florissante

Les trois cofondateurs de la jeune entreprise Ola Bamboo: Simon-Pier Ouellet, vice-président, Vicky Jodry, vice-présidente, et Jean-Philippe Bergeron, président

La vie réserve souvent de belles surprises. «Au départ, c’était seulement un passe-temps. On le faisait simplement par plaisir, pendant nos temps libres», raconte Jean-Philippe Bergeron, cofondateur de la jeune entreprise Ola Bamboo avec sa conjointe Vicky Jodry et leur ami Simon-Pier Ouellet.


Or, quatre ans après son lancement en septembre 2016, l’entreprise qui offre des brosses à dents et des pailles en bambou, de la soie dentaire biodégradable ou encore des tampons démaquillants lavables et réutilisables figure parmi les 50 startups ayant enregistré la plus forte croissance au Canada, selon le récent classement de Canadian Business.

Une telle croissance amène aussi son lot de défis. Avec la hausse fulgurante de la demande et de ses revenus, qui ont bondi de 15 000 $ à 300 000 $ de 2016 à 2017, puis à 1,1 M$ (2018) et 3 M$ (2019), la gestion des inventaires est vite devenue un enjeu de taille.

Visite en Chine

«C’était complexe à gérer. On recevait de plus en plus de commandes et notre inventaire ne suffisait pas. Même si ça reste difficile à prévoir, on peut aujourd’hui se fier sur nos historiques de vente pour faire des prévisions», explique Jean-Philippe Bergeron.

OLA Bamboo s’est aussi assurée de compter sur un fournisseur principal et des fournisseurs secondaires pour assurer son approvisionnement. Elle s’est même rendue en Chine pour visiter différents fournisseurs. «On voulait mieux comprendre le fonctionnement de la chaîne de production et savoir avec qui on faisait affaire.»

Une gestion efficace des inventaires relève notamment d’une bonne stratégie en matière d’approvisionnement, indique Lucie Le François, conseillère d’affaires à BDC. «Il faut s’assurer d’avoir un plan B et compter sur d’autres fournisseurs pour éviter les ruptures de stock», précise-t-elle. Pourtant, la gestion de l’approvisionnement est encore trop souvent négligée par les entreprises, constate Mme Le François.

Un coup de pouce inattendu

Comment un enseignant, une animatrice de radio et un journaliste, sans formation ou expérience en gestion, ont-ils réussi à lancer une entreprise à succès? «Quand on a une idée, il ne faut pas avoir peur de foncer pour la concrétiser», répond Jean-Philippe Bergeron.

La PME d’une trentaine d’employés a passé une première commande de 2000 brosses à dents chez un fournisseur chinois en espérant les vendre avant Noël. «Sinon, au pire, on aurait eu des brosses à dents pour le restant de notre vie», souligne en riant Jean-Philippe Bergeron. Elle a finalement réussi à écouler son stock en moins de deux semaines et ainsi réalisé l’intérêt et le potentiel pour des produits plus écologiques.

Leur passage à l’émission Dans l’oeil du dragon, à peine quelques mois plus tard en mai 2017, fut une autre agréable surprise. «On a hésité avant de vouloir participer. On n’avait pas encore l’idée de créer une entreprise et, comme on n’est pas des comptables, on avait peur de se faire démolir», confie Jean-Philippe Bergeron.

Au contraire, les trois entrepreneurs ont reçu différentes offres, puis finalement accepté celle de Caroline Néron. Mais, surtout, les ventes ont explosé après la diffusion de cette émission qui lui a donné une grande visibilité.

OLA Bamboo a en effet réussi à vendre ses quelque 45 000 brosses à dents en inventaire en seulement quatre jours. Forte de cette notoriété, et de l’entente avec Caroline Néron, l’entreprise qui vendait uniquement ses produits en ligne a eu «plus de facilité pour rencontrer les bannières pharmaceutiques», ajoute Jean-Philippe Bergeron.

L’entreprise de Victoriaville entend maintenant fabriquer elle-même quelques-uns de ses produits et en lancer des nouveaux. Pour ce faire, elle projette la construction en 2021 d’une usine qui lui permettra également d’élargir son marché dans le reste du Canada. Entretemps, elle loge aussi dans un incubateur industriel de Drummondville. «Démarrer une usine et se lancer dans la production, c’est comme si on repartait à zéro. On est comme une entreprise encore en autoconstruction», précise M. Bergeron pour expliquer leur présence dans un incubateur.

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Mieux gérer ses inventaires

1) Connaître son stock. 

Bon nombre d’entreprises, petites ou grandes, n’ont souvent aucune idée de ce qu’elles ont en stock, constate Lucie Le François. «Les entreprises doivent avoir une meilleure connaissance de leurs marchandises en inventaire. Certains produits sont même entreposés depuis des mois.» C’est d’autant plus important que les entreprises sous-estiment les coûts élevés et le manque à gagner liés aux produits entreposés.

2) L’ABC du stockage. 

«L’analyse ABC permet de gérer plus efficacement la rotation de ses inventaires», souligne Lucie Le François. Dans cette méthode, qui découle de la formule Pareto, les produits du groupe A sont ceux qui génèrent le plus de revenus (80 %) et le moins de quantités (20 %) en stock. «Il faut éviter la rupture de stock dans cette catégorie de marchandises.»

3) Analyser la performance. 

La gestion des stocks passe par une évaluation du rendement. «Il faut avoir des indicateurs de performance qui permettent d’analyser, par exemple, les délais d’écoulement des stocks ou d’approvisionnement chez les fournisseurs, ou encore la désuétude ou les pertes de produits», suggère Mme Le François.