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Le plan du gouvernement est raisonnable, mais...

Les nouvelles mesures annoncées par le gouvernement Legault entrent en vigueur le 8 février.

CHRONIQUE / Certains craignent que les ouvertures annoncées mardi par François Legault permettent au virus de reprendre du poil de la bête, voire qu’elles contribuent à propager les nouveaux variants. Tout à l’inverse, d’autres pensent que davantage d’assouplissements étaient nécessaires pour donner de l’air à plus de gens qui étouffent. Ces deux points de vue sont opposés et pourtant tous deux valables.


Certains des allègements devant entrer en vigueur la semaine prochaine constituent un pari. S’il a fallu des jours pour dessiner les nouveaux contours des nouvelles restrictions, c’est parce qu’il n’existait pas de réponses évidentes pour tous les éléments en jeu.

Mais c’est un pari soupesé à défaut de pouvoir être calculé. Aucune décision n’a été prise en claquant des doigts.

Pari soupesé, mais en même temps risqué parce que subsistent de nombreuses incertitudes.

Samedi matin, François Legault écrivait sur sa page Facebook que la réflexion qu’il était en train de mener sur les assouplissements était guidée par la «prudence». Et il indiquait ceci, qui dit tout et qui vaut la peine d’être rappelé: il menait sa réflexion «sans tout connaître de l’avenir», précisait-il.

«Combien de vaccins recevrons-nous au cours des prochaines semaines, des prochains mois? Est-ce que les variants du virus vont s’installer au Québec et provoquer une autre vague?» 

Ce rappel pour dire qu’à côté des évidences, comme le retour à une vie plus normale dans des régions où à peu près aucun nouveau cas n’a été détecté depuis quelque temps, des décisions importantes ont été arrêtées alors que la situation demeure volatile.

François Legault voulait donner de l’air parce que la situation sanitaire le permet un peu, mais aussi parce qu’il se demandait encore samedi, je le cite, «combien de temps encore les Québécois vont être capables d’endurer les restrictions sanitaires». 

Et c’est en considérant cet aspect fondamental des choses que l’on peut dire que le plan du gouvernement Legault est politique — dans le bon sens du terme. Et qu'il est, au fond, raisonnable. Il prend plusieurs aspects en compte.

Dans les zones rouges, il existe par exemple désormais un peu d’espoir pour les cégépiens et les universitaires. Un petit peu en tout cas.

Dans ces zones, on pourra aller s’apaiser dans les grands espaces des musées et aller dans les centres commerciaux, etc.

Cela étant, certaines décisions annoncées ou confirmées mardi découlent d’impératifs ayant peu à voir avec la situation sanitaire comme telle. La semaine de relâche scolaire est l’une d’elles. Le gouvernement Legault n’avait pas envie d’engager un bras de fer avec les syndicats en la reportant. Mais le chef du gouvernement a raison de dire que cette semaine permettra aux enseignants et aux élèves de souffler.

Même s’il n’a jamais pu démontrer que la fermeture des salles à manger s’appuyait sur des données scientifiques, le gouvernement ne se résoudra à les rouvrir que dans le dernier droit. Elles sont devenues un «message» politique et sociétal. Les laisser fermer dans les zones rouges, c’est rappeler très fort à tous que tout n’est pas gagné.

Tout n’est pas derrière nous. Loin de là. Souhaitons que cette embellie ne soit pas qu’une éclaircie.

Mais pour bien faire, il faut la ceinture et les bretelles. Voilà pourquoi la stratégie de dépistage devrait faire une place importante aux tests rapides pour les asymptomatiques. Dans ce dossier, la haute direction de la Santé publique du Québec paraît jouer dans le même film qu’au printemps dernier avec celui des masques.

Là aussi, elle avait fait valoir pendant quelque temps que parce que cette mesure n’était pas parfaite, il valait mieux ne pas l’employer... Or, on ne voit pas ce que l'on risque à ajouter une mesure dans certains milieux pour des gens qui, autrement, ne se feraient pas tester.

PS: Ce qui suit a été ajouté au texte mercredi matin: Bonne observation des partis d'opposition à l'Assemblée nationale sur la nécessité d'un filtre entre les zones rouges et oranges. Un filtre et des tests rapides rendraient le protocole de déconfinement partiel encore plus raisonnable.