Chronique|

Le point par match

Nick Suzuki espère bien s’emparer du premier rang des meilleurs pointeurs du CH dans les prochaines années.

CHRONIQUE / La question du jour. Qui est la dernière vedette offensive du Canadien?


Avouez que la réponse n’est pas évidente. D’abord, parce qu’il faudrait définir les critères qui permettent de classer un joueur dans la catégorie « Vedette ». Ensuite, parce qu’il faut avoir toute une mémoire pour en nommer une : un seul joueur a atteint le plateau des 70 points chez le Canadien en dix ans. Et aucun attaquant n’a obtenu au moins un point par match depuis près de 13 ans. Pourtant, la LNH déborde de vedettes à l’attaque. Mais elles sont ailleurs qu’à Montréal.

Certains diront que pour être qualifié de joueur étoile, une récolte de plus de 100 points est nécessaire. Ce qui est très exigeant à mon avis. À ce moment, Mats Naslund serait la dernière vedette offensive du CH. En 1985.

Difficile à croire, mais en 40 ans, le Canadien n’a vu que deux de ses joueurs atteindre cette prestigieuse marque des 100 points et plus : 110 pour Naslund et 125 points pour Guy Lafleur en 1979-1980. À notre époque, ce serait bien suffisant pour remporter le championnat des marqueurs. Pas dans ces années-là.

Naslund obtenait le 7e rang, loin derrière les 215 points de Wayne Gretzky et les 141 de Mario Lemieux. En 1986, ils étaient 12 à avoir produit 100 points ou plus. Lafleur avait quant à lui terminé au troisième échelon.

Imaginez, même les 70 points semblent difficiles à atteindre pour les attaquants du CH de nos jours. Et dire que Max Domi est le seul à avoir rejoint ce plateau en dix ans (72 points en 82 parties lors de sa saison 2018-2019). Ce qui lui avait permis de terminer au 47e rang de la LNH. Donc en termes de vedette, on repassera. On sait d’ailleurs que Domi a servi de monnaie d’échange pour Josh Anderson, ce qui laisse le chemin libre à Nick Suzuki.

Le roi est mort, vive le roi!

Le trône est libre chez le Canadien. Depuis bientôt 13 ans.

Max Pacioretty a tenté à quelques reprises de s’en emparer avec le Canadien en espérant atteindre le ratio respectable du point par match. Sans y arriver toutefois. Même chose pour Saku Koivu. Mike Ribeiro aurait pu, mais ça, c’est une autre histoire... 

Ce qui m’amène donc à croire que le Canadien n’a pas compté sur un attaquant étoile depuis Alexei Kovalev, qui récoltait en 2007-2008 un total de 84 points en 82 matchs. Plus qu’un point par match. Des points à la Kovalev, en prime.

Sinon Vincent Damphousse et Mark Recchi avaient flirté avec ce ratio en 1997 : 81 et 80 points en 82 matchs. Ils y étaient presque. 

Il faut revenir en 1995-1996 pour retrouver un joueur capable de produire un point par match. Pierre Turgeon avait alors encaissé 96 points en 80 matchs et 94 pour Damphousse. Recchi affichait 78 points à son dossier.

Probablement l’une des meilleures années offensives du Canadien, avec le quatuor Damphousse-Muller-Bellows-Lebeau en 1993, depuis l’époque de Naslund, Bobby Smith et Larry Robinson en 86.

Stéphane Richer est le dernier marqueur de 50 buts du Canadien.

Et Richer lui?

À ce stade de la chronique, vous pensiez (ou pas...) que j’allais oublier les 51 buts en 1990 de Stéphane Richer. Bien sûr que non. Après tout, il demeure le dernier compteur de 50 buts du CH, ce qui fait de lui probablement la plus grande vedette offensive du Canadien des 30 dernières années. Même s’il n’a pas atteint les 100 points.

Il suffit d’analyser le tableau de cette chronique pour comprendre qu’il est difficile d’atteindre le ratio du point par match chez le Canadien. Le plateau des 100 points l’est encore plus.

Pourtant, six joueurs y sont arrivés lors de la dernière saison complète en 2018-2019. Lors des 18 dernières années, cette marque a été atteinte à 18 reprises.

Seul avec le Wild et les Sénateurs

Le Canadien est l’une des rares équipes de la LNH à ne pas miser sur un attaquant dominant bien établi. Nommez une équipe, vous en trouverez un. 

Une fois arrivé à l’alignement du Wild du Minnesota, des Sénateurs d’Ottawa et du Canadien, ne cherchez toutefois pas trop longtemps. 

Nick Suzuki tentera de rectifier la situation lors des prochaines saisons. Marc Bergevin est du moins le premier à l’espérer.

Plusieurs questions se posent.

Est-ce que Suzuki sera le deuxième joueur, l’autre étant Domi, à intégrer le groupe des 70 points et plus depuis Plekanec en 2010? Oui.

Est-ce que Suzuki entrera dans le cercle restreint des attaquants pouvant maintenir le rythme du point par match? Non. J’en serais surpris.

C’est d’ailleurs à se demander si un jour, le Canadien reverra l’un de ses joueurs dépasser la marque des 100 points par saison.

Alexei Kovalev est le dernier joueur du Canadien à avoir atteint le ratio du point par match.

LHJMQ, pépinière à talent

Pendant ce temps, trois anciens du circuit Courteau ont empoché plus de 100 points lors de la dernière saison complète : Nikita Kucherov, Sidney Crosby et Brad Marchand, suivis de près par un quatrième de la LHJMQ, Nathan MacKinnon avec 99.

Est-ce que le prochain de la LHJMQ à y parvenir sera Alexis Lafrenière en bénéficiant de la présence d’Artemi Panarin? Le défi est plus qu’énorme.

La LHJMQ a toujours été une pépinière à talent. Quatre des huit joueurs ayant obtenu un point par match chez le Canadien lors des 30 dernières proviennent de la LHJMQ. L’idée de miser sur son propre bassin de joueurs n’était pas mauvaise.